Télétravail, proxitravail : 2024, année toute en "ique"
Que nous réserve l'année 2024 en matière de télétravail ? À quoi faut-il s'attendre ? Je vous annonce quelques tendances et orientations concernant le télétravail sous toutes ses formes, dont le proxitravail bien sûr.
L'année 2024 s'annonce prolifique pour le télétravail. Cela concerne le télétravail en général et, bien sûr, il y aura aussi du nouveau plus spécifiquement en matière de proxitravail.
D'ailleurs, 2024 pourrait bien être une grande année pour le proxitravail !
Vous pouvez compter sur moi pour parler de tout cela sur le site proxitravail.fr, dans la newsletter et dans l'édition 2024 du guide du proxitravail. Un peu de prospective d'abord, je vous annonce ici quelques tendances qui animeront le télétravail en 2024.
Télétravail en 2024 : 3 grands sujets à suivre
Constatant que le public se lasse de lire et d'entendre les annonces chimériques d'une prétendue fin du télétravail, j'ose espérer que les affabulateurs laisseront le champ libre aux informations qui traitent des vrais sujets.
Pour 2024, j'imagine que l'on pourra les classer en trois grands thèmes :
- Renégociation des très nombreux accords télétravail conclus en entreprises pendant la grande pandémie,
- Structuration du travail hybride pour le pérenniser en allant bien au-delà de simples principes d'équilibre quantitatif entre présentiel et télétravail,
- Hybridation du télétravail en prenant en compte différentes formes de télétravail (domotravail, proxitravail, tracances, etc.)
Pour les autres, j'ai deux bonnes nouvelles :
- Vous pouvez retrouver ça dans la version LinkedIn de la newsletter de janvier 2024 ;
- Pour ne rien manquer, à l'avenir, vous pouvez vous abonner gratuitement en cliquant sur le bouton ci-dessous.
2024, année toute en "ique"... pour le télétravail
Dans ce même numéro de janvier de la newsletter, je déclinais à l'aide de plusieurs adjectif en "ique" d'autres tendances qui devraient marquer l'année 2024 du télétravail.
🎶 Libre à vous de chantonner "24, année toute en ique" sur l'air d'une célèbre chanson de Gainsbourg, mais ces tendances méritent aussi d'être prises au sérieux. 🧐
Dans cet article, je reviens donc plus en détails sur ces phénomènes en "ique" concernant le télétravail. Et ils pourraient bien inspirer les avancées sur les trois grands sujets évoqués plus haut : renégociation, structuration, hybridation.
Surtout, j'ajoute deux adjectifs qui m'avaient échappé lors de la rédaction de la newsletter.
Le premier, je l'ai déjà lâché en introduction : 2024 sera une année prolifique pour le télétravail. Et j'ai déjà expliqué pourquoi, avec les trois grands sujets qui feront bouger les lignes.
Le deuxième adjectif inédit, je le dévoilerai, et je développerai, à la fin de cet article. Il m'est venu en tête au fil de l'actualité et surtout à l'occasion d'un échange inspirant avec Thomas, un de mes fidèles lecteurs. Merci à lui !
En 2024, le télétravail post-pandémique n'est plus automatique
Petit retour en arrière
Automatique, voici un adjectif qui n'a collé au télétravail que pendant 2 ou 3 ans.
En effet, dans le "monde d'avant", le télétravail évoquait peu de choses. En fait, il y avait comme un hic entre les entreprises et ce concept moderne d'organisation du travail.
Puis la grande pandémie est arrivée. 😷 Alors, pour toutes les activités qui le permettaient, du jour au lendemain, le télétravail était bel et bien devenu automatique.
Mais ce télétravail sanitaire plus ou moins imposé par les autorités gouvernementales, à grande échelle, sur de longues durées, a fait long feu. 2020, 2021, encore un peu en 2022...
En 2023, la parenthèse s'est refermée. Le télétravail automatique a quasiment disparu. Désormais, comme les antibiotiques, le télétravail, c'est pas automatique !
Or, s'il y a bien un retour au bureau, il n'est pas total. Le travail hybride, mêlant présentiel et télétravail, subsiste dans la plupart des entreprises.
2024 : le télétravail automatique, c'est fini, mais...
En 2024, on ne parle plus de ce télétravail automatique. Et c'est tant mieux :
- D'abord, parce que cela veut dire que l'on est passé à l'ère post-pandémique ;
- Ensuite, parce le télétravail mérite mieux que cela, parce qu'il mérite qu'on le choisisse pour de bonnes raisons et qu'on l'organise en adéquation avec celles-ci !
Gageons donc que 2024 permettra de consolider ce télétravail post-pandémique non automatique, pour en faire un télétravail désirable et désiré.
Mais hélas, la fin de ce télétravail automatique façon Covid-19 ne signifie pas la fin du télétravail exceptionnel, imprévu, plus ou moins imposé par les circonstances.
À côté du télétravail choisi et organisé, il y aura donc encore du télétravail dont on se passerait bien, notamment parce qu'il est lié à des événements que l'on ne souhaite pas vivre. Et 2024 n'a pas tardé à nous le rappeler...
2024, encore plus de télétravail météorologique ?
Constat
En fait, 2024 a commencé comme 2023 avait fini, avec du télétravail météorologique.
Il s'agit là d'un télétravail plus ou moins contraint, en tout cas motivé par des intempéries. Le télétravail météorologique, c'est celui que l'on pratique par exemple en raison :
- De recommandations de vigilance au vu d'alertes météo sur son territoire,
- D'une circulation difficile, dangereuse, déconseillée voire interdite sur le parcours domicile-travail,
- Ou, plus pratiquement encore, de dommages causés au passage de fortes intempéries.
Tempêtes, fortes pluies, crues, inondations... La Bretagne, la Normandie et le Nord ont été durement frappés à l'automne 2023. Et cela s'est répété dans le Nord, et en particulier le Pas-de-Calais, en ce début d'année 2024.
À la différence du télétravail sanitaire qui avait pour principe l'isolement social au domicile, le télétravail météorologique peut trouver dans le proxitravail une modalité intéressante.
Un témoignage m'en a été donné venant de Pont-l'Abbé, dans le Finistère, au passage de la tempête Ciarán, à l'automne dernier. 🌪️ Bigouden Makers avait alors accueilli un nombre record de télétravailleurs résidant à proximité qui n'avaient pu se rendre sur leur lieu de travail habituel.
Nul doute que ce cas n'est pas unique. Aussi, les épisodes de neige et verglas de cet hiver ont pu avoir les mêmes effets en certains endroits de l'Hexagone.
Télétravail météorologique, adaptation et gestion des risques
Le télétravail météorologique est une situation exceptionnelle qui, on le sait, on le voit, se produit de plus en plus souvent. Finalement, il constitue une mesure d'adaptation au changement climatique.
Le télétravail météorologique devrait aussi faire partie des plans de continuité d'activité des entreprises. Car le risque météorologique est un risque que la plupart des organisations devraient évaluer, et face auquel elles devraient mettre en œuvre un plan d'actions prêt à l'emploi.
En 2024, imaginons plutôt un télétravail climatique
De l'adaptation à l'atténuation
Nous le savons depuis longtemps déjà : dans la lutte contre le changement climatique, il n'est pas question de choisir entre adaptation et atténuation. Il faut avancer sur les deux fronts, comme l'indique cet article du média en ligne The Conversation.
Alors, oui, utiliser le télétravail comme mesure d'adaptation au changement climatique, c'est bien. Pouvoir limiter les risques et les impacts sur la vie des personnes et des entreprises en activant le télétravail à chaque fois que les événements météorologiques l'exigent, c'est une chance.
Mais il ne faut pas s'arrêter là. Il faut impérativement faire aussi du télétravail un véritable outil stratégique pour les politiques d'atténuation du réchauffement climatique. Car le télétravail permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Grâce à une étude de l'ADEME, nous savons qu'en passant au télétravail 3 jours par semaine, une personne réduit ses émissions annuelles de près d'une tonne équivalent CO2. Cela inclut la suppression de déplacements pendulaires et divers effets rebonds positifs et négatifs.
C'est évidemment une moyenne. Il existe quelques cas, notamment les salariés qui n'utilisent pas la voiture pour se rendre au bureau, où le gain est faible, voire nul (pour les salariés qui se déplacent au bureau à pied ou en vélo sans assistance électrique).
Dans certains cas extrêmes, le recours au télétravail à domicile peut même aboutir à un bilan carbone légèrement supérieur, en raison du supplément de consommation de chauffage ou climatisation individuelle au domicile.
Télétravail, proxitravail et stratégies climat d'atténuation
Mais qu'en est-il si l'on considère le passage au proxitravail et non pas au télétravail à domicile ?
- Il n'y a pas de surconsommation liée au chauffage ou à la climatisation individuelle.
- Il y a mutualisation des espaces de travail, du mobilier et autres équipements. Cela implique notamment que les logements des salariés peuvent être plus petits, et que l'on gagne globalement en surfaces de construction.
🌍 Alors que la France, l'Europe et le Monde sont en retard sur la feuille de route de l'accord de Paris sur le climat, issu de la COP21 en 2015, à l'heure où l'on parle de plus en plus de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) :
- Le moment n'est-il pas venu, en 2024, de développer de véritables stratégies télétravail pour le climat ?
- N'est-il pas indispensable d'inclure le proxitravail dans ces stratégies, d'abord parce que c'est une forme plus efficace pour réduire les émissions de GES, et aussi parce qu'elle est plus équitable socialement et permet donc à plus de salariés de pratiquer le télétravail ?
Concernant ce dernier point, celui de l'équité, il faut bien reconnaître que beaucoup de salariés aux conditions de vie et de logement les plus modestes qui pourraient télétravailler ne le font pas, parce que leur domicile et leur environnement familial ou autre ne permettent pas de télétravailler à domicile dans de bonnes conditions.
Et pourtant, l'économie liée aux déplacements pendulaires domicile - bureau (économie en temps et en argent) leur serait particulièrement utile.
L'alternative proxitravail leur permettrait de résoudre cette double équation. Développer la modalité proxitravail dans les stratégies télétravail serait donc une orientation sociale en plus d'être climatique.
Paris 2024 et le télétravail olympique
Pourquoi le télétravail olympique ?
L'été 2024, en France, sera marqué par les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Paris, l'Île-de-France et plusieurs grandes villes accueilleront non seulement les délégations sportives mais aussi les agents et volontaires de l'organisation, les forces de sécurité, les médias, les spectateurs, etc.
Aussi, pour des raisons de sécurité, certains périmètres verront leurs accès restreints.
🏅 Alors, pour ces troisièmes Jeux d'été en France, après 1900 et 1924, on nous annonce une grande première. En région parisienne, et peut-être même dans d'autres métropoles, le télétravail olympique contribuera à :
- Limiter les embouteillages ;
- Relâcher un peu la pression dans les transports ;
- Et peut-être aussi éviter des pics de pollution, pas vraiment les bienvenus lors de tels événements, ni pour la compétition, ni pour l'image.
Le gouvernement a déjà préparé lancé la communication. Comme indiqué sur l'affiche ci-dessous, le mot d'ordre sera le suivant : "Quand cela est possible, favorisez le travail à distance."
Au passage, ce qui est curieux dans cette affiche, c'est l'accroche : "pour gagner du temps pendant les Jeux, l'important c'est de télétravailler".
Ne serait-ce pas plutôt pour éviter d'en perdre encore plus, compte tenu du contexte exceptionnel ?
Ou alors, mieux encore, ne serait-il pas plus juste de raccourcir cette phrase et de reconnaître que, Jeux ou pas, pour gagner du temps, l'important est de télétravailler ?
Jeux pour tous, télétravail pour tous ?
Paris 2024 promet des Jeux pour tous. Mais le télétravail olympique sera-t-il lui aussi pour tous ?
Évidemment, certaines activités ne sont pas télétravaillables. De nombreux salariés devront se rendre sur leur lieu de travail, au moins partiellement.
Mais quid des salariés dont les activités sont télétravaillables et qui pourtant ne pourront pas télétravailler chez eux ? Par exemple :
- Parce que les enfants seront à la maison, en vacances scolaires, peut-être à regarder les athlètes à la télévision et à en célébrer bruyamment les exploits ;
- En raison d'une connexion internet n'est pas suffisante ;
- Parce que le logement n'offre pas un espace propice au télétravail dans de bonnes conditions ;
- Ou encore tout simplement parce que ces salariés ont besoin d'un autre cadre plus professionnel pour se concentrer sur leur travail...
Oui, pour gagner du temps, l'important est de télétravailler. Mais il existe diverses modalités de télétravail.
Alors, pendant les Jeux et au-delà, pour gagner du temps, les employeurs, le gouvernement et les autres acteurs des territoires encourageront-ils aussi au proxitravail ?
Cette forme de télétravail, dans des espaces de travail partagés, situés dans les quartiers des villes, en périphérie et même en milieu rural, à proximité des lieux de vie des salariés, est une solution à considérer impérativement si l'on souhaite vraiment qu'un maximum de salariés télétravaillent... et gagnent du temps.
Télétravail anti-statique : piqûre de rappel dès janvier 2024
Last but not least... Dernier point mais pas le moindre dans cette liste de déclinaisons en "ique" du télétravail, même si je l'avais oublié dans la newsletter de janvier...
L'actualité de ce début d'année 2024 m'a vite rappelé à l'ordre. Je corrige donc mon oubli dans cet article.
Les manifestations d'agriculteurs ont bloqué de nombreux axes routiers pendant plusieurs jours. Ces blocages ou opérations escargots compliquent de nombreux déplacements, y compris ceux des salariés pour se rendre au bureau ou revenir à leur domicile.
Par le passé, d'autres mouvements sociaux ont eu les mêmes effets, qu'ils soient menés par les agriculteurs, les transporteurs routiers, les chauffeurs de taxi ou autres.
Il en est de même pour les grèves dans les transports. Contrairement à ce que l'on entend ces jours-ci, elles ne tombent pas toujours pendant les départs en vacances. Il n'est pas rare qu'elles perturbent aussi les déplacements domicile - travail.
🚦 Alors, oui, le télétravail en général, et le proxitravail en particulier, permettent d'éviter de perdre des heures dans les embouteillages ou les déviations pour se rendre au bureau le matin et revenir chez soi le soir.
Pour conclure
Un petit récapitulatif synthétique pour rappeler les différents sujets abordés dans cet article.
3 grands thèmes
D'abord, 3 grands thèmes qui devraient animer les débats sur le télétravail en 2024, dans les entreprises, entre salariés, dans les territoires, dans les médias, etc. :
- La renégociation de très nombreux accords télétravail,
- La structuration du travail hybride et sa pérennisation, en allant bien au-delà de simples principes d'équilibre quantitatif entre présentiel et télétravail,
- L'hybridation du télétravail en intégrant ses différentes formes (domotravail, proxitravail, tracances, etc.)
Pour alimenter ces vrais débats sur le télétravail, je vous invite aussi à lire cet article :
4 adjectifs
Ensuite, toute une série d'adjectifs en "ique" qui justifieront plus encore le télétravail et le proxitravail en 2024 :
- Télétravail et proxitravail météorologique, comme mesure d'adaptation face à des événements extrêmes de plus en plus fréquents,
- Télétravail et proxitravail climatique, comme véritable levier pour les politiques d'atténuation du réchauffement climatique,
- Télétravail et proxitravail olympique, en Île-de-France et dans quelques grandes métropoles, pour faciliter l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques,
- Télétravail et proxitravail anti-statique, pour éviter les blocages routiers lors de mouvements sociaux.
Bien sûr, le télétravail ne se limite pas à ces cas spécifiques. Les raisons ne manquent d'organiser le télétravail au sein des entreprises, généralement sous un schéma hybride mêlant présentiel et distanciel.