Fin de WeWork ? Fin du coworking ?
Vous aussi, comme moi, vous en avez assez des faux débats et autres délires chroniques qui ont vite fait de prédire l'avenir du monde à chaque fait et geste de tel ou tel géant des affaires ? Cet article est fait pour vous !
Je vous rassure tout de suite : mes réponses n'ont rien de dramatique ni de spectaculaire. Une semaine après les annonces du énième début de la fin pour WeWork, je vous explique pourquoi il faut raison garder. Et ne surtout pas croire aux alertes sur la fin du coworking.
La fin de WeWork, vraiment ?
Oui, oui, cette fois, c'est officiel. WeWork a déposé le bilan, le 6 novembre 2023, devant un tribunal du New Jersey. Et cela n'est pas une surprise.
N'avais-je pas pris le soin d'écrire ceci, dès l'été, en page 53 du Petit Guide 2023 du Proxitravail (qui, ironie de l'histoire, a été mis en ligne seulement quelques heures avant le dépôt de bilan) ? 👇
WeWork est (ou était ?) le géant international du coworking dont tout le monde parle, trop peut-être. En France, la marque propose 15 espaces, uniquement à Paris.
Fondée en 2010, la société newyorkaise est en grande difficulté depuis 2019. La capitalisation boursière venait alors d’atteindre des sommets dépassant l’entendement : 47 milliards de dollars ! À l’été 2023, elle passe sous les 400 millions de dollars (divisée par plus de 100 !), et les dettes colossales annoncent un dépôt de bilan imminent, de l’aveu même de ses dirigeants.
Notons d'abord qu'un dépôt de bilan ne se termine pas toujours en faillite. Aussi, celui de WeWork ne concerne pas, à ce stade, les filiales hors États-Unis et Canada.
Il reste donc encore une petite chance, même en Amérique du Nord, pour que WeWork parvienne à restructurer sa dette et renégocier ses baux afin de poursuivre ses activités. En fait, l'entreprise y est placée sous un statut équivalent à ce que nous appelons redressement judiciaire.
La fin de WeWork n'a donc jamais été aussi proche. Mais elle n'est toujours pas certaine.
Les médias n'ont donc pas fini de parler de la fin de WeWork. Mais il faut espérer qu'ils cessent de laisser penser que l'effondrement de cette multinationale pose la question de la survie du coworking.
En tout état de cause, quand bien même WeWork en arrive à disparaître, le coworking lui survivra.
La fin de WeWork ne signifierait pas la fin du coworking
Il y a plusieurs raisons qui conduisent à affirmer cela.
D'abord, l'activité de WeWork n'a finalement que très peu à voir avec le coworking au sens strict. Il s'agit plus de location flexible de bureaux et d'espaces de travail partagés. Mais passons sur la simplification de langage.
L'activité de WeWork est finalement très peu significative de celle du marché de la location flexible d'espaces de travail. Et elle est encore moins significative de ce marché en France et en Europe.
WeWork est un cas à part, positionné exclusivement sur les capitales économiques et leurs grands quartiers d’affaires. La société y a signé des baux à long terme à des prix élevés. La concurrence y est féroce.
Les effets de la crise de la Covid-19 ont aussi été plus forts et plus longs dans ces métropoles. L’absence de retour à la situation initiale fait que l’offre de bureaux y soit encore largement excédentaire.
Les frasques d’Adam Neumann, un des deux co-fondateurs, n'ont rien arrangé.
En France, WeWork propose 15 sites, tous à Paris. Et quels sites ! Ils mesurent 5000 mètres carrés, parfois 10000 mètres carrés et plus. Quand on a dit cela, on a tout dit !
Oublions WeWork donc, et parlons du marché du coworking en général.
Le marché du coworking se porte bien, merci !
En France, en Europe et ailleurs, le nombre d'espaces de coworking et autres bureaux à usage flexible est en augmentation quasi constante depuis de nombreuses années.
Finalement, ces lieux ont globalement bien résisté à la grande pandémie. Au plus dur de la crise sanitaire, le nombre de cessations d'activité est resté limité. Au final, on constate même que le secteur en retire des bénéfices.
Autrefois réservé quasi exclusivement aux travailleurs indépendants et autres TPE, les espaces de travail à usage flexible accueillent de plus de plus de salariés de PME et de grandes entreprises.
De plus en plus d'entreprises font le choix d'externaliser la gestion de leur parc immobilier, parce que ça n'est pas leur métier.
La location flexible s'avère souvent plus économique sur le long terme. Le coworking apporte aussi une solution pour les employeurs qui peinent à faire revenir leurs salariés dans leurs locaux, notamment s'ils sont éloignés, dans les grands quartiers d'affaires et les métropoles.
Ainsi, la demande s'élargit. Et d'un autre côté, l'offre s'étend, se diversifie et se structure. Et le proxitravail, le télétravail des salariés à proximité de leur domicile, y contribue.
Dans les grandes villes, la concurrence ne nuit pas. Au contraire, elle permet à chacun de trouver l'espace ou la communauté de coworking, ou bien le lieu de proxitravail qui lui convient.
Dans les petites villes et le milieu rural, le coworking et le proxitravail sont encore balbutiants. Mais c'est sans doute là que leur impact sera le plus visible sur les territoires.
Conclusion : une fin possible et un élan certain
Parler de la fin du coworking, ce n'est donc rien d'autre qu'une plaisanterie, probablement pour "faire le buzz".
Laissons donc le buzz se faire sur la possible mais encore incertaine fin de WeWork, qui en a finalement bien l'habitude en tant que "star" du coworking.
Mais gardons-nous bien d'extrapoler sur la fin du coworking et des espaces de travail partagés, car c'est tout le contraire qui se produit. Ils poursuivent leur développement, et le proxitravail ne fait que commencer à y contribuer.